phoca_thumb_l_29_mai_nukuhiva_05.jpg

 

Extrait de "Rurutu, mémoires d'avenir d'une île australe", éditions Haere Po 1999, enfance de Taaria Walker (née en 1930), épisode qui a eu lieu dans les années 40, lorsque Taaria, élève pensionnaire à Papeete, empruntait la ligne maritime (en goelette) Australes-Tahiti-Australes. Son père, cuisinier sur la goelette, pouvait ainsi être présent lors des voyages de la jeune fille. Dans cet extrait, Taaria doit avoir environ 12 ans. Ci-dessus, pour accompagner cet extrait, une photo du va'a, Faafaite, prise en 2011 par Danee Hazama, et sur lequel naviguent aujourd'hui ses fils Sunny Moana'ura et Ro'o Walker:

 

"De mon matelas, je peux voir tout ce qui se passe et entendre tout ce qui se dit, des histoires anciennes sensationnelles et naturellement des histoires de Tupapa'u extrêmement passionnantes. Je n'échangerais pas mon petit matelas contre un trône impérial. Le balancement continuel du bateau me donne l'impression de flotter dans les nuages. (...)

 

Jour et nuit, les matelots se relaient à la barre. La boussole en face d'eux leur sert de séchoir pour leur tricot ou leur pareu- ils ne savent pas lire les signes chinois marqués à l'intérieur. Le capitaine attache un petit ruban de chiffon sur une petite corde de la voile au-dessus de leur tête, et le barreur doit maintenir une certaine orientation du chiffon, jusqu'à nouvel ordre. La nuit, le capitaine montre une étoile et le matelot manie le gouvernail de façon à garder l'étoile à la même place jusqu'au prochain changement de cap.

 

Je trouve ça fantastique et je considère tous ces hommes, y compris le pasteur, comme des magiciens divins. Mon père me rend souvent visite et apporte nos repas (...)

 

Quand les Rurutu montent à bord, ils embarquent toute la maisonnée: gosses, chats, chiens, pandanus, bois pour sculpture (...) Le pont du bateau est entouré d'immenses paquets de poi, de régimes de bananes et de fe'i, de taro, de tarua, de patates douces (...)

 

C'est au cours d'un voyage que j'ai compris la nécessité d'embarquer tout cela. Quand le vent ne souffle plus, le bateau reste immobile pendant plusieurs jours. Les femmes tressent alors des chapeaux, des paniers, des pe'ue (...) Tout le monde a prévu des occupations pendant les moments d'accalmie pour ne pas s'ennuyer.

 

Ce sont des moments infiniment agréables et on souhaiterait que cela dure éternellement."

 

Retour à l'accueil